Qu’est-ce que la maçonnerie « en damier » et quand doit-elle être armée ?
La maçonnerie permet aux concepteurs de faire preuve de créativité en déterminant comment les éléments individuelles s’assemblent dans un panneau mural plus grand pour former l’esthétique souhaitée. Les parements de maçonnerie sont également connus pour être un composant de l’enveloppe du bâtiment de haute qualité et pour offrir une durabilité exceptionnelle. Une option de plus en plus populaire au Canada consiste à remplacer l’apareillage de maçonnerie en panneresse par un appareillage de maçonnerie en damier ou un autre motif décoratif.
Dans la construction de maçonnerie, on parle de « d’appareil en panneresse » lorsque les éléments de maçonnerie se chevauchent d’un rang à l’autre, généralement en exprimant aussi la proportion de la longueur de l’élément qui se chevauche (par exemple, un appareil à demi-brique en panneresse signifie que la moitié de l’élément chevauche l’élément d’un rang adjacent), ce qui est suffisant pour assurer la liaison dans la direction horizontale du mur. Selon la norme CSA S304-14, les appareils en panneresse doivent avoir des joints verticaux des rangs successifs qui sont décalés horizontalement d’au moins 25 % de la longueur de l’élément. Lorsqu’il n’y a pas de chevauchement des éléments dans les rangs adjacents, le terme utilisé est « appareil en damier » et, dans ce cas, les joints de verticaux forment des lignes verticales continues. Il peut également y avoir des « appareils décoratifs » de maçonnerie où il y a un certain chevauchement des éléments, mais que ce chevauchement est insuffisant pour être considéré comme un appareil en panneresse. L’élément clé à retenir ici c’est que les appareils en damier et décoratifs, où les éléments se chevauchent sur moins de 50 mm ne sont pas considérés comme ayant un liaisonnement suffisant dans le sens horizontal et doivent donc être armés dans cette direction.
L’objectif de cette page est de mettre en évidence les exigences en matière d’armature des joints horizontaux lorsque l’on choisit un appareil en damier ou décoratif pour un parement de maçonnerie au lieu d’un appareil en panneresse. Les appareils en damier ou décoratifs utilisés dans les murs de maçonnerie autres que les parements peuvent également nécessiter des considérations de conception supplémentaires et peuvent être soumis à des restrictions explicites quant à leur utilisation pour certaines applications. Les concepteurs devraient tenir compte des restrictions qui sont énoncées dans la norme CSA S304-14 quant à l’utilisation d’appareils en damier ou décoratifs dans les ouvrages de maçonnerie autres que des parements.
Une partie intégrante de notre série sur les devis descriptifs pour la maçonnerie
Des recommandations accompagnées d'explicatifs sur la manière dont elles ont été formulées. Nous tenons à remercier le comité technique de l’AEMQ pour son soutien pour la traduction de ce document. Cliquez ici pour voir la série complète.
Avis de non-responsabilité
Les informations présentées sont destinées à des fins éducatives pour les concepteurs, les prescripteurs ou les entrepreneurs. Il ne s'agit pas d'un avis technique formel, car les projets de maçonnerie peuvent comporter des détails et des considérations qui sont propres à un projet particulier et qui peuvent dépasser le cadre du contenu de cette page.
Recommandations
Lorsque vous spécifiez un parement de maçonnerie avec un appareil en damier, assurez-vous que de l’armature des joints horizontaux, espacée verticalement à une distance d’au plus pas 400 mm, est utilisée conformément aux articles 8.1.2 et 8.1.3 de la norme CSA A371-14.
De plus, le CMDC recommande que, dans tous les cas de parements contenant de l’armature horizontale, le concepteur fournisse des détails explicites dans le devis et dans les documents contractuels connexes, tels que les dessins. Bien que la norme CSA A371-14 contienne des exigences normatives, il est fortement recommandé que tous les détails relatifs à l’armature soient explicitement et clairement indiqués dans les documents contractuels afin d’éviter toute erreur de communication.
Discussion
L’utilisation du terme en anglais « stack bond » (liaisonnement en piles) dans l’optique des codes et normes canadiens donne lieu à un malentendu terminologique courant. Une distinction explicite a été faite au Canada pour différencier les appareils en panneresse (liaisonnés) des appareils en damier et décoratifs (non-laisonnés). L’utilisation du mot « bond » en anglais (liaisonnement) est explicitement exclue de la terminologie des appareils en damier et décoratifs dans les normes CSA afin d’éviter de laisser entendre que les joints de mortier verticaux continus d’un appareil en damier offrent un liaisonnement suffisant. En l’absence d’un chevauchement suffisant des éléments d’un rang à l’autre dans une construction avec appareil en panneresse, des décennies d’expérience sur le terrain ont montré que les joints verticaux continus en mortier, lorsqu’ils ne sont pas armés, ne suffisent pas à maintenir les « piles » verticales d’éléments ensemble et à résister aux mouvements, même minimes, du mur dus à l’humidité, à la température ou aux contraintes liées aux charges.
Vous trouverez ci-dessous un exemple d’un article de devis potentiellement problématique pour les parements avec appareil en damier qui ne tient pas compte de l’armature des joints :
Exemple de devis potentiellement problématique :
3.03 INSTALLATION
.1 Apareillage des éléments de maçonnerie
.1 Éléments de maçonnerie en béton :
.1 À demi-brique en panneresse
.2 Parement de briques en argile cuite :
.1 Appareil en damier
.2 Installer les murs creux, les murs pleins et les cloisons conformément à la norme CAN/CSA A371-14.
Les parements de maçonnerie non-armés construits selon un appareillage en damier peuvent présenter des fissures verticales importantes au niveau des joints de mortier verticaux et continus peu de temps après la pose. Cette faible liaison sur la hauteur de la maçonnerie en damier doit être renforcé à l’aide d’armature afin de s’assurer que le parement ne subira pas de fissures au-delà de ce qui est généralement attendu d’un parement de maçonnerie avec un appareil en panneresse.
8.1.3
Pour les appareil en damier ou décoratifs où le chevauchement des éléments est d’au plus 50 mm, chaque rang de maçonnerie doit être armée longitudinalement conformément à l’article 8.1, mais l’espacement vertical de l’armature des joints horizontaux ne doit pas dépasser 400 mm. Cette exigence s’applique aux murs et parements de maçonnerie en éléments.
CSA A371
Les parements de maçonnerie en damier ou avec appareil décoratifs nécessitent toujours de l'armature des joints lorsqu'ils sont construits conformément à la norme CSA A371-14.
La norme CSA A371-14 et la norme CSA S304-14 établissent une distinction importante en ce qui concerne l’armature horizontale des joints horizontaux requise pour les parements de maçonnerie. Il existe deux voies de conformité distinctes en fonction de la configuration de la maçonnerie dans le parement :
Notes concernant l'armature des joints pour les parements
Parements construits selon un appareillage en panneresse avec plus de 50 mm de chevauchement des éléments de rangs adjacents (c’est-à-dire en en appareil en panneresse).
- L’armature des joints horizontaux doit être spécifié par le concepteur si elle est nécessaire. Il n’est pas habituel d’exiger une armature horizontale pour les parements avec appareil en panneresse. Des circonstances exceptionnelles peuvent conduire à un tel détail (par exemple, des ordonnances locales contenant des dispositions spéciales d’armature sismique, des parements en maçonnerie de béton où des considérations supplémentaires pour la fissuration due au retrait sont souhaitées, etc.), mais elles ne sont pas courantes dans tous les endroits et tous les types de bâtiments.
- Si le concepteur le spécifie explicitement, un espacement vertical maximal de 600 mm pour les armatures horizontales des joints horizontaux est énoncé par la norme CSA A371-14, article 8.1.2 e).
- Un espacement maximal n’est pas dans tous les cas une solution conservatrice. L’espacement exact, le calibre de l’acier, le schéma des fils et la résistance à la corrosion doivent être fournis par le concepteur dans les documents contractuels.
Parements construits avec appareil en damier ou décoratifavec un chevauchement de 50 mm ou moins des éléments d’un rang à l’autre (c’est-à-dire un appareil en damier.
- L’armature des joints horizontaux est nécessaire lorsqu’ils sont construits conformément à la norme CSA A371-14.
- Les armatures horizontales des joints horizontaux doivent être espacées verticalement de 400 mm au maximum, conformément à l’article 8.1.3 de la norme CSA A371-14.
- La taille et le type d’armature horizontale doivent être conformes aux exigences de taille et de configuration spécifiées dans l’article 8.1.2 de la norme CSA A371-14, sauf indication contraire du concepteur. Pour éviter toute confusion, l’espacement exact, le calibre de l’acier, la configuration des fils et la résistance à la corrosion doivent être indiqués par le concepteur dans les documents contractuels.
Les appareils en damier et décoratifs de parements de maçonnerie nécessitent de l’armature horizontale lorsqu’ils sont installés conformément à la norme CSA A371-14. Les exigences minimales sont énoncées aux articles 8.1.2 et 8.1.3 de la norme CSA A371-14. Il peut y avoir d’autres cas où de l’armature horizontale est nécessaire pour un appareil en panneresse, ou lorsque l’armature horizontale dans les appareils en damier ou décoratifs s’écarte des exigences minimales de la norme CSA A371-14 (par exemple, acier inoxydable, fil de plus gros calibre, ou espacement vertical plus petit). Dans les deux cas, il incombe au concepteur de fournir ces détails dans les documents contractuels.
Il est recommandé aux entrepreneurs en maçonnerie de soumettre des demandes d’information pour tous les projets où l’armature requise n’est pas explicitement mentionnée. L’armature, selon les exigences normatives de la norme CSA A371-14, peut conduire à un large éventail d’options de conformité qui peuvent ne pas convenir à certains concepteurs.
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