
Pratiques de construction
Cet article fait partie d’une série pratique traitant de questions et de préoccupations courantes concernant la construction en maçonnerie. Il s’agit d’articles accessibles aux entrepreneurs et aux concepteurs qui éclaircissent des sujets liés à la maçonnerie, y compris les dispositions des codes et des normes applicables au sujet en question .
Lors de l’évaluation de la mise-en-oeuvre, quelles sont des attentes raisonnables en ce qui a trait au jaugeage?
Des conseils concernant les points sur lesquels insister et ceux à laisser à l’entrepreneur.
Le contenu de cet article a été élaboré en collaboration avec le comité technique de l’AEMQ.
Le jaugeage – Plus difficile qu’il ne semble !
Le jaugeage des rangs de maçonnerie c’est l’un des grands secrets d’un maçon expérimenté. Au fil des années de formation, un maçon apprend à poser les briques à la ligne, à veiller à l’alignement des joints de mortier horizontaux, à aligner les arrêtes verticales et à maintenir son travail d’aplomb, selon les limites des tolérances applicables. Bien que les briques et les blocs présentent des imperfections et des variations de dimensions, le travail fini d’un maçon compétent donnera l’illusion d’une grille parfaite. En fait, des ajustements mineurs de l’épaisseur des joints de mortier sont nécessaires tout au long du travail pour que le tout reste droit, ce qui inclut un contrôle minutieux de l’épaisseur des joints de lit horizontaux pour remplir correctement l’espace requis avec la maçonnerie et minimiser les coupes inutiles d’unités.
Comment les maçons peuvent-ils aligner les joints de maçonnerie aux divers éléments du bâtiment à l’aide du jaugeage ?
Le jaugeage consiste à contrôler soigneusement l’épaisseur du mortier des joints afin de s’assurer que les joints semblent égales sur toute la hauteur d’un mur. Un bon jaugeage doit également permettre au mur d’atteindre la hauteur prédéterminée tout en tenant compte de la variabilité des dimensions des éléments de maçonnerie eux-mêmes.
Quelques règles de base doivent être respectées pour que le jaugeage soit effectué correctement :
- Satisfaire aux exigences de tolérance conformément au code ou à la norme applicable.
- Maintenir l’alignement horizontal des joints, dans les limites des tolérances applicables.
- Tenir compte de l’alignement avec le haut des ouvertures et atteindre le bas du soffite, du linteau ou de la cornière d’appui au-dessus.
- Évitez de devoir couper des unités pour compléter les travaux de maçonnerie
Une bonne planification et une attention particulière aux dimensions exactes de la zone qui recevra la maçonnerie sont toutes deux d’une importance capitale. Bien que les dimensions soient indiquées dans les plans de construction, les conditions réelles du site, ainsi que les dimensions réelles des éléments utilisés, peuvent varier et avoir un effet sur le jaugeage. Cela est particulièrement vrai lors de l’installation de parements et de cloisons en maçonnerie qui resteront apparents et qui doivent être installés autour des parties existantes de la structure. Les charpentes en béton, en acier et en bois sont construites avec des tolérances qui peuvent être très différentes des tolérances standard de la maçonnerie.
Exigences applicables à maçonnerie en ce qui a trait au jaugeage
Les joints de mortier ont généralement une épaisseur spécifiée de 10 mm avec une tolérance de 3 mm en plus ou en moins, conformément aux exigences de la norme CSA A371-14 (voir les articles 6.2.2.2.6 et 7.1.2.1). Pour les petits bâtiments résidentiels construits conformément à la partie 9 du Code du bâtiment, une tolérance moins restrictive de 5 mm en plus ou en moins s’applique (voir l’article 9.20.4.1 du CNB 2015). Toutefois, les normes de l’industrie stipulent que les variations de l’épaisseur des joints de mortier ne doivent pas être perceptibles par une personne se tenant à 6 m de l’ouvrage fini (voir la note à l’article 7.1 de la norme CSA A371-14). Étant donné que la fondation du bâtiment ou tout autre support sur lequel la maçonnerie est construite peut être grossièrement ou imparfaitement nivelée, l’épaisseur du joint de mortier sous le premier rang est permis de varier davantage. La norme CSA A371-14 permet que le premier joint de mortier ait une épaisseur de 6 à 20 mm, ou de 0 à 13 mm pour la maçonnerie sur une cornière ou un linteau (voir l’article 7.1.2.2).
Il est à noter que les exigences ci-dessus s’appliquent à la construction en « maçonnerie en éléments » (briques de béton, d’argile cuite ou de silicocalcaire d’une épaisseur minimale de 75 mm, d’une hauteur maximale de 200 mm et d’une longueur maximale de 400 mm). Des épaisseurs de joints de mortier et des tolérances différentes peuvent s’appliquer aux parements de pierres ou de maçonnerie mince collée, ou à certaines applications spéciales de maçonnerie en éléments. Lorsqu’un projet prévoit une maçonnerie autre que la « maçonnerie en éléments », le concepteur doit fournir des exigences claires concernant l’épaisseur des joints et les tolérances.
Jaugeage de briques et de blocs
Les démarches pour le jaugeage doivent être conformes aux restrictions et exigences applicables des normes. Bien que quelques millimètres de tolérances entre les rangs de maçonnerie ne représentent pas grand-chose, ces ajustements infimes peuvent avoir une influence majeure sur l’utilisation efficace des matériaux. Lorsque des éléments modulaires métriques sont utilisés, le maçon disposera souvent d’un grand nombre d’assises de maçonnerie pour répartir les ajustements mineurs. En revanche, dans le cas de l’utilisation de blocs de béton, certaines coupes peuvent être inévitables.
Il est généralement assez simple de déterminer la hauteur des rangs pour les éléments de maçonnerie en blocs de béton métriques. Comme les blocs de béton standards ont tous une hauteur de 190 mm, la hauteur d’un rang plus un joint de mortier sera de 200 mm. Au fur et à mesure que le maçon construit le mur, le sommet de chaque rang doit arriver à des intervalles de 200 mm à partir de la base. Si la hauteur de l’ouvrage fini n’est pas un multiple de 200 mm, la hauteur de chaque rangée peut être ajustée progressivement de quelques mm de plus ou de quelques mm de moins durant la construction du mur. Les briques modulaires métriques ont une hauteur de 57 mm, de sorte que la hauteur de trois rangs (y compris les joints de mortier) s’élève à 200 mm. Cela permet au maçon de suivre la hauteur de ses ouvrages et de procéder à des ajustements mineurs pour obtenir la hauteur correcte de l’ouvrage fini.
Il existe une grande variété de briques sur le marché, avec des dimensions générales et des hauteurs différentes. Certains fabricants fournissent des tableaux pour aider le maçon à déterminer la hauteur attendue d’un nombre donné de rangs de briques, pour une épaisseur de joint de mortier donnée. La hauteur des rangs est parfois tracée en faisant des marques sur un poteau guide et certains maçons utilisent des rubans à mesurer de jaugeage spéciaux. Toutefois, le plus souvent, l’expérience, une évaluation visuelle, un ruban à mesurer ordinaire et un rapide calcul mental permettent au maçon de maintenir un jaugeage régulier du bas jusqu’au haut d’un mur.
Il existe des outils pour simplifier ce processus, notamment des rubans de jaugeage et des dispositifs (poteaux guides ou « speed poles ») destinés à faciliter la construction de gradins de départ aux coins des bâtiments (ce qui est généralement le cas pour la construction résidentielle).


Réflexions finales
Quelle que soit l’approche utilisée pour maintenir le jaugeage, les mains habiles d’un maçon qualifié permettent d’obtenir une esthétique homogène pour les murs de maçonnerie qu’ils construisent. Bien que certains considèrent les tolérances comme un moyen d’autoriser certaines erreurs de construction, les tolérances de maçonnerie permettent généralement à un maçon d’améliorer l’aspect visuel de ses travaux en disposant les éléments selon un espacement uniforme, en compensant pour les tolérances de fabrication et en réduisant au minimum les briques et blocs coupés inutilement.